Celui-ci fut finalement ouvert en 1936, avec le
titre pompeux d'"aéroport", dans la plaine
agricole d’Échirolles, d’où son nom de…
Grenoble-Eybens ! Nom de baptême : "Jean
Mermoz", au Sud de la ville, à l’époque très
peu étendue. Terrain uniquement en herbe (on
décollait face au vent, de quelque direction
qu’il vienne !), dont la gestion fut confiée à la
CCI de Grenoble.
L'ACD, unique utilisateur de l'aérodrome avec
comme chef pilote M. Guenon, accueillit en
1936 une "Section d'aviation populaire" et
quatre avions fournis par l’État.
1939, début de la seconde guerre mondiale.
L'activité de l'ACD s'arrête brutalement avec la
réquisition par l'armée de tous ses avions ; ils
disparaitront tous dans la tourmente de 1940.
"Mermoz" voit alors passer plusieurs
escadrilles militaires françaises remontant vers
le front du NE. La "campagne de France"
(septembre 39 à juin 40) va s'achever par la
défaite de sinistre mémoire. Mais Grenoble
reste dans la zone dite libre, régie par l'État
français de Vichy.
Point d’histoire locale : un décret d'août 1941
crée l’École des Pupilles de l'Air (EPA), pour
s’occuper des orphelins des aviateurs morts
pendant la campagne de France. Initialement
implantée sur les Grands Boulevards de
Grenoble, elle s'est ensuite installée à
Montbonnot en décembre 1986.
Pendant la période vichyste (1940-42) on
assiste à un changement majeur de la
physionomie du terrain, avec la "construction
forcée" (imposée par les Allemands) de deux
pistes en béton d'environ 1000m, en croix,
suivant les vents dominants… elles ne
serviront jamais pendant les occupations
italienne et allemande (1942-44), même pas
pour les combats du Vercors.
Au point de vue de l’activité aérienne civile, si
les vols moteur sont strictement interdits, les
activités planeurs de l'ACD débutent en
revanche dès octobre et novembre 1942 avec
quatre planeurs "poutre" (Avia 151 et 152) et
un planeur "à fuselage" (Castel 30) fournis par
le Service des Sports Aériens de l’État. Bref
feu de paille, arrêté par le début de l"Opération
Torche": le 8 novembre 1942 les Alliés
débarquent en Afrique du Nord, et en réponse
les forces de l'Axe envahissent la zone libre.
Le "Mermoz" se réveille à l'automne 1944, à la
Libération, avec les Piper Cub militaires américains
qui remontent du midi à la suite du débarquement en
Provence, le 15 août
1944, suivis par les
avions français du
Groupe 1/35
"Aviation des Alpes"
engagés dans la
"Bataille des Alpes"
sur la frontière
italienne jusqu’en
avril 1945.
La reprise des
activités de l'ACD
après la Libération
se fait en deux
temps, suivant la
nature des activités
et en fonction des
autorisations
gouvernementales :
Dès l'automne
1944, avec les
planeurs-poutre
Avia stockés depuis
1942, suivis en 1946-47 par de "vrais" planeurs
construits en série en France (monoplaces Nord
1300, Émouchet et Castel 301, biplaces-école
Caudron C-800) tous fournis gratuitement par les
services officiels (SALS). Les anciens se
souviendront de leur "finesse", proche de 10, à
comparer aux finesses de 40 à 60 des planeurs
d'aujourd’hui !
Reprise au printemps 1946 pour le vol moteur (quand
les vols civils sont réautorisés), là aussi avec du
matériel fourni par l’État (heureuse époque !), le
premier avion étant un Bucker 181, ancien avion
de liaison de la Luftwaffe devenu "prise de guerre".
Ce fut le moment de gloire des premiers biplans
"Stampe" multitâches : école, voltige, remorquage de
planeurs…
Les années 50 verront arriver une flotte hétéroclite
d'avions : remorqueurs Storch et MS-315, avion école
de base NC-853 (tous fournis par l’Etat), complétés
par quelques avions achetés par le club, dont les
Norécrin, Auster, Sokol, et le "géant" bimoteur De
Havilland Dragon à 6 ou 7 places ! Le vol à voile de
l'ACD, considéré comme centre régional, verra arriver
une dizaine de planeurs dits de performance (Castel
310, 311, Nord 2000, Milan, Air 102, Bréguet 901).
Au milieu des années 50, la flotte s’étoffe et
s’homogénéise, notamment pour l’école de base,
avec l'achat de Piper Cubs 65cv pour l'école et de
Jodels 112 65cv pour le voyage. Événement dès
1954 pour le vol à voile : les planeurs sont
immatriculés en Fox-Charlie et cédés gratuitement au
club, mais c’est le début du désengagement de l’Etat
dans le soutien à l'aviation légère… La "perfo" se
développe avec les premières découvertes du vol
d’onde, marquée par la première (et double)
traversée des Alpes (Grenoble-Turin) par Perrier et
Poncet en avril 1955.
Fin des années 50, le chef pilote Henri Giraud
commence la grande aventure du vol montagne avec
le premier posé au Mont Aiguille à l'été 1957 sur
Piper 65cv de l'ACD. Il renouvelle l'exploit, cette fois
au sommet du Mont Blanc le 23 juin 1960 avec le
Piper 150cv "Choucas" du Secours en Montagne) qui
va marquer d’une manière indélébile l'ADN de l'ACD !
Les premiers Mousquetaires apparaissent en 1960.
L’école évolue aussi avec l’arrivée des premiers
"Rallye" en 1962, "léger" pour l’école, "lourd" pour la
montagne).
1960. Une grave crise interne secoue le Club. Giraud
est maintenu à son poste, tandis que le Président
historique P. Matussière, l'un des fondateurs de l'ACD
en 1928, est évincé. La majorité des vélivoles s'en
vont alors à Romans. Conséquence, les services
officiels retirent du club, qui perd son statut de centre
régional, les deux planeurs haute performance (Air
102 et Bréguet 901).
1961 sera l'année de l'arrivée à l'ACD des premiers
Robin (encore à train classique), suite logique des
Jodel biplaces.