L’équipage grenoblois tourne toujours ! Dimanche midi. Dans le hangar du club, Papa Tango refroidit, maintenant vidé du bazar qui remplissait sa soute et qui maintenant s’éparpille sur le sol. Sacs de voyage, gilets, casques, bidons d’huile, et tous les autocollants de son costume de scène délicatement retirés et roulés en boule. Retour à la maison après une longue escapade aérienne à travers la France, et une édition de plus du Tour Aérien Rêves de Gosse à son carnet de route. Comme chaque année depuis vingt-cinq ans, l’aventure commence donc dix jours plus tôt par le rassemblement des 30 avions participants et de leurs équipages sur l’étape de départ, Carcassonne pour cette fois. Nous guettons fébrilement la météo de cette fin septembre depuis plusieurs jours, seulement rassurés la veille du départ par les belles conditions prévues le lendemain. Décollage pour Valence, où nous embarquons Pâquerette et Zitoune, deux des trois clowns qui accompagnent le Tour, et route sur LFMK en prenant soin d’arriver par le sud de la ville pour admirer la Cité avant l’atterrissage. Retrouvailles chaleureuses avec nos vieux amis des tours précédents et les futurs amis dont 2021 marque la première participation ; vérifications administratives, perception de la combinaison bleue logotisée qui nous habillera ces dix prochains jours, des cartes OACI et VAC, T-shirt, casquettes etc… Nous voilà prêts pour neuf étapes d’aventures et de partage. Debout dès l’aube, café rapide et bus encore endormi jusqu’au terrain pour le briefing du matin. Les nav sont déjà dans les Ipad; il s’agit essentiellement de se préparer à une météo pas toujours coopérative, aux spécificités de la route du jour judicieusement choisie pour la promenade en dehors des zones contrôlées ou réglementées. Quelques consignes de départ, d’autres pour arriver proprement sur le terrain de destination et ordre des décollages pour organiser au mieux la migration de 30 paires d’ailes au même moment sur la même route. Les premiers moteurs tournent vers 9h30 - 10h et, derrière le directeur des vols et quelques moustachus qui ouvrent la route, nous voilà partis pour deux heures de balade, rarement au-dessus de 1500ft, entre châteaux de la Loire, viaduc de Millau ou pont d’Aquitaine, villages fortifiés, transits côtiers, gorges du Tarn ou du Verdon. Bon enfant et décontractés par beau temps, les échanges radio sur notre propre fréquence basculent sur de l’information de vol plus opérationnelle dès que les plafonds se rapprochent du sol. À peine l’avion refuelé et parqué, les plateaux repas nous attendent dans le hangar, car les choses sérieuses commencent dès 13h30 pour le briefing des baptêmes de l’après-midi. Les monteurs de tentes ont assemblé le village de toile, après avoir démonté celui de la veille et roulé une partie de la nuit dans leurs camions ; le Casa de l’Armée de l’Air a déchargé la boutique, des clowns, un sculpteur de ballons, et des stands tenus par nos partenaires. Déjà des groupes d’enfants sont là avec leurs parents, leurs profs, leurs éducateurs, en T-shirts et casquettes "Rêves de Gosse", impatients de remplir le sas d’embarquement. Cheminement de roulage, itinéraire, altitude, vitesse, points de report, tout est cadré pour que des norias de 8 à 10 avions puissent se suivre dans ce grand circuit de 15mn autour du terrain en toute sécurité, avec chacun à son bord trois enfants de 7 à 14 ans dont l’enthousiasme, l’exubérance ou l’appréhension vont s’exprimer sous des formes plus ou moins inattendues. Et puis ça démarre. Chaque équipage prend en charge ses trois jeunes passagers pour les amener vers son avion. Une photo souvenir pour le diplôme tout à l’heure, et tout ce petit monde embarque. Si le choix du "copi" du moment s’impose parfois de lui-même en fonction des particularités ou de la timidité des passagers, ce privilège est souvent l’occasion d’une séance rapide mais intense de chifoumi… Sarah est non-voyante. Alors on prend le temps de faire le tour de l’avion pour lui faire toucher et ressentir les pales de l’hélice, la chaleur du moteur caché derrière, le tambour de la toile tendue sur les ailes. Ses deux copains du jour participent joyeusement. Une fois à bord je laisserai ses doigts se poser sur les boutons du tableau de bord, la manette des gaz et le manche, pour donner un maximum de sens aux sensations du vol. Théo est un petit garçon autiste, déchiré entre l’envie et la peur de cet inconnu qui sort tellement de la sécurité de ses routines. Il ne veut pas monter dans l’avion, mais refuse tout aussi nettement de repartir vers le village. Alors on s’assoit dans l’herbe avec lui, on regarde les autres enfants embarquer autour de nous, on attend que l’angoisse diminue et, de petits pas en grandes victoires, on pourra finalement monter à bord et partir voler. Théo sera tellement content de lui qu’il ne voudra pas redescendre de l’avion. Ainsi, tout l’après-midi les "tours d’avion" vont se succéder, emportant dans les airs toute la palette de l’enfance. Les timides dont les étoiles dans les yeux ne trompent pas, les fanfarons qui n’en mènent pas si large que ça, les joyeux drilles qui scanderont "des loopings ! des loopings !" pendant tout le vol, les taciturnes qui ne perdront pas une miette du voyage le nez collé à la verrière, les scientifiques que les cadrans du tableau de bord fascinent, les artistes qui garderont le souvenir des reflets du lac au soleil ou de la perspective de leur village vu du ciel. L’ambiance à bord est alors une surprise à chaque tour, studieuse et descriptive des paysages, bruyante des imitations des messages radio, exubérante de l’excitation des passagers à chaque soubresaut de l’avion, ou plus rarement parfumée d’un petit accident gastrique… Bref, l’enjeu est de savoir s’adapter… Et d’avoir bien localisé le bouton du volume de l’intercom. C’est donc la tête et le cœur remplis des émotions de l’après-midi, des sourires généralisés des enfants au retour des vols, des discussions émues avec des parents qui n’en reviennent pas que leur enfant ait fait preuve de ce début d’autonomie, que les vols de l’après-midi s’achèvent. Petit à petit les familles s’en vont après un dernier tour des stands du village, les enfants maquillés en fée, en tigre ou en spiderman, des ballons extraordinaires d’une main et des sacs de cadeaux et friandises de l’autre. Le temps de remplir les réservoirs, de parquer l’avion et de ranger une cabine désorganisée par toutes ces allées et venues enfantines, et la conférence de presse de la journée est déjà en route, sous la houlette de notre président Jean-Yves-Glémée qui ne manque pas une occasion de saluer nos hôtes d’un jour, organisateurs, partenaires et élus locaux autour du pot traditionnel. Le soleil décline peu à peu, baignant les avions multicolores de sa lumière dorée. Le calme est revenu sur l’aérodrome où notre grande famille de combinaisons bleues, jaunes et rouges se détend en discutant un verre à la main ; atmosphère sans pareille dans l’écho des hangars alors que se réorganisent les tables pour le repas du soir. La lune est déjà haute lorsque les bus nous déposent devant notre hôtel. Les soirées sont festives, certains pilotes musiciens font le voyage avec leurs instruments et improvisent une animation qui transforme encore davantage le hangar en bal de l’escadrille. Les couche-tôt sont au lit, les couche-tard sont au bar. Quelques heures de sommeil et demain on repart… Dimanche midi. Le hangar du club s’est refermé sur Papa Tango ; le retour sur terre prend un peu de temps ; retrouver sa voiture qui ne décolle pas après la mise de gaz et rentrer dans un chez soi dont on avait oublié le confort, auprès des siens que l’on va saoûler d’aventures aériennes le temps que toutes ces émotions décantent, en pensant déjà au prochain tour. Yves-Alain Ratron Pour plus d’info : www.revesdegosse.fr Pour devenir partenaire de l’équipage grenoblois Rêves de Gosse : yaratron@gmail.com
Tour Aérien Rêves de Gosse, édition 2021
En route pour le briefing matinal.
Promenade aérienne pour rejoindre l’étape du jour… (souris sur l’image)
Des clowns, des maquilleuses et des sculpteurs de ballons, des stands pleins d’idées et de cadeaux… Les enfants remplissent le sas d’embarquement, dans la bonne humeur générale. Photo souvenir et on embarque. Savoir être patient pour apaiser les angoisses des plus fragiles… Fauteuil roulant ou fauteuil volant ? Pour l’oiseau, tous les humains sont handicapés…
Prêts au décollage ! Vous alliez poser la question ? Eh bien non, la météo n’a pas toujours été très sympa…
Mais quelle importance ? Regardez le Tour 2018, comme ces moments sont riches en émotions…
pour cette année !
Tout le monde est arrivé. Le Tour peut commencer.