Vautours sur Mens
Par un matin d’été resplendissant, au soleil du levant inondant de lumière l’Obiou et la façade calcaire du Vercors, flanqué de son imposant pilier en avant-garde, nous venions de faire un magnifique circuit, du Versoud à la plate-forme de Superdévoluy, avec mon ami Pierre Courrier, sur l’Okavango (ULM aussi appelé Impala, du nom de ces gracieuses gazelles du Serengeti). Nous sommes redescendus pique-niquer au terrain de Mens, où avait également atterri, à l'évidence dans le même objectif, Jean-Pierre Triquès. L’air était doux, une légère brise rendait mouvant ce paysage tranquille du Trièves, courbant délicatement les longues tiges de graminées alentour. C’est alors qu’apparut au-dessus de nous, soudainement descendu de très haut dans le ciel, un tournoiement de large ailes parfaitement silencieuses, sans autre mouvement que celui du vent, s’approchant à quelques dizaines de mètres de nos têtes. Cette harmonie du plané dans ce décor verdoyant que rien ne froissait nous maintint un temps, Pierre et moi, immobiles et muets, de crainte d’effacer ce prodigieux instant. Les vautours fauves, une dizaine au bas mot, continuèrent un moment leurs circonvolutions au-dessus de nous. Puis, voyant que nous n’étions pas, quoique immobiles, de simples carcasses à déguster, et n'étant pas davantage intéressés par nos maigres pitances, ils s’en allèrent en glissant vers le Sud du Trièves, dans leur quête permanente de protéines.
C’est pour vivre de tels moments que, sans encore les imaginer, on a voulu un jour être pilote.
James Lecœur