Il Nome de la Rosa, Février 1998

On aurait évidemment pu appeler ce vol autrement. Le « Simplon express » par exemple. Mais comme on n’a jamais réussi à trouver le col du Simplon lors de notre retour, on a préféré s’abstenir.

« Il nome della rosa » ça vous dit sûrement quelque chose. « Le nom de la rose » en Français, Umberto Ecco, Sean Connery (non pas 007 !).... Ça va déjà mieux ?

Pour ceux dont la mémoire serait vraiment défaillante, on rappellera brièvement qu’il s’agit d’un fameux roman de Umberto Ecco qui se déroule dans un monastère au Moyen Âge et dont a été tiré un non moins fameux film avec Sean Connery dans le rôle principal.

Et où se déroule ce film fabuleux ? Dans un prodigieux monastère fortifié situé au sommet d’une montagne. Pour être tout à fait précis, le monastère ayant servi à tourner le film s’appelle la Sagrada de San Michele et se trouve situé à 4235 ft au débouché de la vallée de Suse à 20 km environ de Turin.

Maintenant que vous savez tout, on va tout vous dire même si le survol de ce monastère n’était pas le but premier de ce voyage.

C’est ainsi qu’un samedi de janvier (très beau, ça nous change !) nous avons décidé d’aller explorer le nord de l’Italie.

Comme toujours, c’est bien sûr le début le plus difficile (au Moyen Âge, le passage des frontières semble d’ailleurs avoir été plus facile).

Nous étant décidés pour ce vol le vendredi seulement, on a donc bien sagement envoyé un fax aux douaniers de Gap pour les prévenir de notre passage et tout aussi sagement nous nous sommes présentés le samedi à 10 heures pour constater, comme prévu, qu’il n’y avait personne.

Bien entendu il fallait aussi activer le plan de vol, et comme il n’y a personne au contrôle de Gap le samedi matin, la question s’est rapidement posée de savoir comment faire.

Mais comme il fallait de toutes façons monter pour franchir les cols, on s’est dit qu’en montant assez haut, on accrocherait peut-être Marseille info et qu’on lui transmettrait notre plan de vol. Croyez-le ou non, contre toute attente, ça a effectivement marché ! On n’en est toujours pas revenus !

Plus rien ne s’opposant à un vol dès lors parfaitement réglementaire, on a alors suivi le cheminement habituel : Gap, St Crépin, Briançon, le col de Montgenèvre. Ce trajet n’offre aucune difficulté d’itinéraire. La suite non plus d’ailleurs. Après le col, on plonge sur Bardonnechia puis Suse et l’on suit la vallée sur la droite. Et là, pratiquement au débouché de la vallée, juste avant Rivoli (ça c’est une autre histoire, mais celle-là vous la connaissez bien !), vous découvrez la masse impressionnante du monastère. C’est un véritable château fort et, pour ceux qui ont vu le film, vous remontez instantanément de plusieurs siècles dans l’histoire !

Le contrôle de Turin Aeritalia étant, lui, manifestement au XXème siècle, il a bien fallu répondre et s’annoncer. Avec la brume et le soleil de face, il n’y a pas eu de difficulté particulière pour trouver le terrain à partir du moment où l’on s’est aperçus qu’on était pile au-dessus. Néanmoins, il y a quand même un ou deux points d’entrée à respecter, et comme ils n’ont rien de remarquable, on vous conseille de les rentrer dans le GPS.

Turin Aeritalia est l’ancien terrain de Turin et il est maintenant pratiquement en ville. Pour sans doute perturber le pilote, vous constaterez qu’il y a 2 pistes au sol et une seule sur la carte. En fait, l’une d’entre elles est hors service ce que ne dit pas la carte.

L’accueil à Turin Aeritalia est à l’image de l’accueil habituel en Italie : cha-leu-reux !

Un pilote local nous prend en charge, nous fait passer au contrôle, à la météo, l’essence (aïe, le prix !)...et, bien entendu, au bar (toujours l’espresso italien !)

Comme on ne sait pas très bien où aller ensuite (Milan Linate, Malpensa, Bresso ... ?), il signor piloto nous conseille Varese Venegono. C’est au nord est de Milan près du Lac Majeur. Nous sommes gavés d’informations sur la meilleure façon d’y aller (NDB, fréquences, points remarquables...). On aurait probablement pu y aller sans carte ! Le seul véritable problème est de placer une phrase dans les annonces incessantes de Milan information !

Après 45 minutes de vol et un petit survol du Lac Majeur, on découvre Varese. En fait, c’est un aérodrome militaire où sont implantées les usines Aermacchi. Dans un coin, une mini tour de contrôle gère le trafic civil.

Estimant que c’est une heure raisonnable pour déjeuner, on s’installe au restaurant de l’aérodrome (on vous le conseille !) avant de déposer un nouveau plan de vol pour le retour.

Là, on vise haut : le Lac Majeur, Domodossola, le col du Simplon, Sion en Suisse puis Martigny, Chamonix, Chambéry (eh oui, la douane !).

Comme on a visé haut, on monte. Le Lac Majeur est admiré, Domodossola survolé. A partir de là, on s’insère dans un système de vallées tournantes qui immanquablement doit nous amener au col du Simplon. On en est d’ailleurs tellement convaincus qu’on annonce la FIR dans 5 minutes à Milan info.

10 minutes après, il faut se rendre à l’évidence. Soit qu’il ait été déplacé, soit qu’on se soit trompés, il n’y a toujours pas de col mais une énorme barre rocheuse qui manifestement ne nous laisse pas le moindre passage et s’obstine à voler plus haut que nous.

Décidés quand même à visiter la Suisse, on file vers le nord où, quelques minutes après, un passage nous permet de retrouver la vallée de Brigg, puis Sion.

Le retour par Martigny, Chamonix, Chambéry n’est plus qu’une formalité (tout comme la douane de Chambéry d’ailleurs)

Et quel beau vol c’était ! On vous le conseille ! Et si vous retrouvez le Simplon, ne manquez pas de nous prévenir !

 

René CLEMENT