Cohabiter avec les skieurs et risques de collision

Au cours de ces dernières années, les incidents conflictuels entre skieurs et pilotes montagne, sur altisurfaces et glaciers, se sont multipliés.

Cohabiter avec les skieurs/randonneurs

Un nombre croissant de skieurs éprouvent le besoin de sortir de l’environnement très contraint des stations pour se libérer en randonnée et en hors piste. En face, un nombre croissant de pilotes s’élèvent à un niveau suffisant pour effectuer des atterrissages sur neige en haute montagne. Nous sommes donc, inévitablement, sur des trajectoires de collision… Mais l’ambiance écologiste ne nous est pas favorable. Nous, pilotes de montagne, devons d’abord faire preuve de courtoisie. Quand quatre ou cinq Mousquetaires tournent sur un glacier, pour trois ou quatre atterrissages par membre d’équipage, nos bruits de moteur, à fond au décollage ou même à mi-puissance en reconnaissance, rebondissent sur les parois des vallées et doivent prodigieusement agacer les courageux qui arrivent sur le glacier après des heures de montée à la frontale… L’AFPM --Association des Pilotes de Montagne-- à juste titre très sensible à l’impact de notre activité et de ses nuisances pour les autres montagnards, nous fait passer les recommandations suivantes :

  • Deux atterrissages maximum par altisurface (seulement un à Saint-Jean-d'Arves, aux dernières nouvelles !) 
  • Trois atterrissages maximum par glacier ET seulement trois avions en même temps en tour de piste. 
  • Sur le massif du Mont Blanc et autres lieux où évoluent beaucoup de skieurs de randonnée, éviter le créneau 11h- 13h, moment privilégié du pique-nique et/ou fin de course des guides.(*)

L’AFPM planche actuellement sur une mise à jour de la méthode de Reco, pour la rendre moins impactante en termes de nuisances sonores. Mais il faut que chaque pilote soit bien conscient de sa responsabilité. Tout ce qui peut être perçu comme une incivilité par des non-pilotes menace à plus ou moins court terme la pérennité du vol montagne. Nous sommes tous concernés, et nous assistons parfois, en particulier en période de vacances scolaires d’hiver où se multiplient les vols loisir, à des comportements totalement inacceptables.

Risques de collision

Sur cette photo (tirée de la vidéo prise par Éric Vuillermoz lors d’un atterrissage sur le Dôme de la Lauze, à un coup d’aile de la Girose), le point rouge représente le point d’aboutissement. On est un peu en crabe à cause du vent latéral. Vous êtes aux commandes. Supposons que des skieurs apparaissent en haut du dôme (les points bleus) à cet instant précis.

S’ils vous ont vu, ils n’imaginent pas nécessairement que vous allez vous poser sur cette pente abrupte. Ils n’ont aucune idée de votre vitesse (au moins 140km/h au toucher), aucune idée de ce que vous allez faire.

Vous ne savez pas s’ils vous ont calculé. Vous ne savez pas où ils vont, comment ils vont aborder la pente. Une fois posé vous aurez très peu d’autorité sur votre trajectoire. Tous les paramètres sont réunis pour une catastrophe. Même si en reco vous avez la sensation que ‘ça passe’, le temps du tour de piste et de l’alignement, les positions respectives changent parfois très vite.

Vieil adage : “Si on se pose la question d’y aller, c’est qu’il ne faut pas y aller.”

Crédit : Bernard Moro